Les invités des Rencontres
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Sept, site web et magazine, réalisé en Suisse est un nouveau format qui en dit long sur la volonté d’être journaliste autrement. Sans être contraint par l’actualité, ni soumis aux flux des réseaux sociaux. Patrick Vallélian, rédacteur en chef, a témoigné, ce samedi , lors des rencontres Albert Londres, à Vichy, de la démarche profonde menée par Sept depuis 2014.
« On s’est dit on va contrôler le flux du temps, laissons l’actualité et les réseaux sociaux, faisons notre travail de journaliste. On se définit hors de la news, après la news. On veut surprendre, déstabiliser le lecteur. On raconte des histoires via des sujets originaux. » Une démarche journalistique qui se nourrit de choix éditoriaux, qui libérés de l’actualité privilégient le long terme, l’enquête sur plusieurs mois, voire des années. De raconter des histoires vraies, inédites.
« Le journaliste est un témoin . Il raconte une histoire en l’état de ses connaissances.Quand on parle d’objectivité du journaliste, moi je parle d’honnêteté. Je ne suis pas là pour faire croire, pour dire une vérité. On mène une réflexion : à quoi sert un journaliste? Être un témoin, aller là où les gens ne vont pas aller. Il s’agit de se reconnecter avec le lectorat, de le convaincre. Notre protocole de travail, c’est de mener une préparation en amont, avant d’être sur le terrain. De vérifier et contrôler nos infos. Sur le terrain, dans le cadre d’une révolution, comme en Égypte par exemple, il s’agit de raconter ce que les gens vivent dans la rue et non pas de donner la parole à des experts. »
Le slow journalisme , l’exemple de Sept
La plateforme sept info Sept a été créée en Suisse en 2014, elle s’accompagne désormais du magazine trimestriel. « Il renvoie au contenu multimédias, il s’agit d’enrichir. » La narration de Sept prend diverses formes : documentaire ; BD, reportage, mais également reportage photographique. « En BD , on fait appel à de jeunes dessinateurs pour traiter des sujets. En photographie, on fouille. On prépare un reportage à partir des photos réalisées dans les années soixante-dix par un jeune homme sur les personnes qui étaient enfermées dans des institutions en Suisse. La photographie peut suffire à raconter une histoire. »Sept a traité les thématiques suivantes : Le monde d’après les animaux ; Joseph Kessel ; Des génies et des hommes ; Nicolas Bouvier, esclavagisme moderne, etc.
La Montagne – Fabienne Faurie
Photos Victoria Pulido


Prix Albert Londres 2020
Publié le
82e Prix de la presse écrite : Allan Kaval
pour ses reportages sur la Syrie publiés dans Le Monde.
« La mort a une odeur. Le désespoir aussi »… dès les premiers mots Allan
Kaval (31 ans) emporte le lecteur avec lui dans la prison des mutilés
du « califat ». Sa description de l’enfer syrien glace le sang. Précis,
pudiques… ses portraits empreints d’humanité se conjuguent avec une
analyse pertinente qui aide à la compréhension.
–Dans le nord-est de la Syrie, la mort lente des prisonniers djihadistes, Le Monde, 31/10/2019
– « Erdogan ! Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ces enfants ? » : à Kamechliyé, les Kurdes syriens dans l’angoisse, Le Monde, 11/10/2019
– Syrie : à Tel Tamer, la peur de ceux qui vont au front ou qui le fuient, Le Monde, 11/10/2019
36e Prix de l’audiovisuel : Sylvain Louvet et Ludovic Gaillard
pour leur film : Sept milliards de suspects produit par Capa TV / Arte et diffusé sur Arte.
Les techniques de surveillance de masse, la reconnaissance faciale, les drones, leur déploiement, leur perfectionnement, leurs dérives… ou Orwell mis en travaux pratiques. L’enquête de Sylvain Louvet (38 ans) et Ludovic Gaillard (40 ans) est une démonstration implacable, conduite sur le terrain, de par le monde. À Nice, en Israël, en Chine… la surveillance sur le fil du rasoir entre protection et traque. Cette enquête interpelle chacun et chacune d’entre nous sur ces dangers qui guettent nos libertés au nom de notre sécurité.
4e Prix du livre : Cédric Gras
pour Alpinistes de Staline (éditions Stock).
Un rédacteur en chef avait reproché à Albert Londres d’avoir introduit le microbe de la littérature dans le journalisme. C’est avec le même compliment que le jury attribue son prix 2020 à Cédric Gras (38 ans), russophone, qui a enquêté des archives du KGB au sommet du Pic Lénine sur le destin des frères Abalakov. Ils étaient certes de célèbres alpinistes russes, mais la mise à jour de la suite de leur histoire, comme victimes de la terreur stalinienne, est une première.