Exposition du 7 juillet au 17 août 2009 au Palais des congrès de Vichy sous le parrainage, pour l’occasion, de Christine Clerc, pour rendre hommage au père du grand reportage dont l’oeuvre est une des richesses du patrimoine culturel de la cité thermale. Grâce à l’accord de la SCAM, administratrice des droits moraux et patrimoniaux de l’association du Prix Albert Londres, à l’implication de Reporter Sans Frontières et au soutien croissant de jour en jour de nombreux vichyssois et partenaires, l’association souhaite pouvoir rendre un hommage au père du Grand reportage dans sa vie natale. C’est la raison pour laquelle elle a conçue une exposition tournée vers un large public, toutes générations confondues. Cette rencontre avec Albert Londres sera l’occasion de découvrir les documents originaux qui ont fait la renommée de ses prises de position en faveur de l’humanisme et contre l’oppression en général. Les visiteurs croiseront ses regards sur le monde de l’époque, consignés au retour de chaque voyage sous forme de recueils, et qui restent aujourd’hui d’une actualité surprenante. Mise en scène grâce à différentes collections d’objets des années 30, la modernité de l’exposition sera affirmée par la projection de films documentaires et d’animations tout-public.
L’esprit Albert Londres, une marque pour les grands reporters.
Leur mission : être sur le terrain en bas de chez eux ou à l’autre bout
du monde. Pour lever des silences. Propos recueillis par Fabienne Faurie. Source : La Montagne
Le savoir-être du reporter face à l’événement a été retenu comme thème
de l’un des débats (*) des Rencontres d’Albert Londres, parrainées par Laurent Bignolas. Le journaliste témoigne de l’importance « d’entretenir un questionnement et de foncer » ! Question : Vous allez animer ces rencontres. Pour un reporter, en 2010, le nom d’Albert Londres résonne encore ?
Réponse : Forcément, ça résonne. Le Prix Albert Londres est un prix
mythique. Lorsque le nuage du volcan islandais a bloqué toutes les
liaisons aériennes, on est revenu au temps d’Albert Londres. On s’est
retrouvé dans une liberté de déplacement similaire. Il partait avec les
moyens du bord explorer des terres méconnues. Il rapprochait des
destinations lointaines. C’était un vrai choix. Ce qui reste de ça,
c’est l’esprit Albert Londres, la curiosité de s’interroger sur l’autre.
Il rendait compte d’un quotidien très différent. Il sentait les choses.
Le monde bouge, il faut aller voir. Q : Quelle est votre définition du grand reporter ? Il y a la
rencontre, le partage des informations. Raconter un quotidien, dénoncer
des choses. Aller là-bas pour voir ce que l’on nous cache, à l’autre
bout de la terre, comme à 200 km de Paris.
R : On ne peut pas rester les bras croisés alors que l’on soupçonne
quelque chose. C’est une forme d’engagement. On va sur le terrain pour
que cela ne reste pas sous silence, il y a cette mission. Le reportage
de Florence Aubenas à Ouistreham, en Normandie, c’est de l’Albert
Londres. Q : Après dix ans de magazine Faut pas rêver, qu’aimeriez vous
transmettre ? Il faut entretenir ses neurones. Rester un homme engagé au
service de l’espèce humaine, de sa dignité. Il y a des choses qui
mûrissent après un certain nombre d’années d’expériences. Il n’y a pas
eu un territoire en particulier
L’esprit d’Albert Londres est toujours en éveil comme en ont témoigné les reporters invités, hier, des Rencontres A. Londres.
Grands reporters, un film de Gilles de Maistre a ouvert, hier, les premières Rencontres Albert Londres. Ce documentaire fiction pour Arte
a été tourné au Tchad, avec deux comédiens dans les rôles des reporters
et des moyens techniques légers : une caméra, un preneur de son.
Lors du débat qui s’ensuivait, Gilles de Maistre, grand reporter,
précisait son choix :
« Le docu-fiction permet de franchir des portes fermées et de faire
passer des messages avec des histoires simples. C’est le parcours
initiatique d’un reporter. J’ai voulu raconter le ressenti, les émotions
sur le terrain. Quand on débarque pour la première fois en Afrique,
avec sa culture, on ne comprend rien à ce qui se passe. C’est plus
possible au bout de vingt ans d’expériences et de terrain. »
La difficulté d’accès aux informations, les fausses pistes et, pour les
reporters locaux en Afrique, les dangers encourus de celui qui veut
raconter au monde ont été débattus. Laurent Bignolas rappelait notamment que deux journalistes français de France 3 Télévision étaient pris en otages depuis bientôt six mois en Afghanistan. Lucie Umukundwa, journaliste Rwandaise, exilée : « Le
reporter, c’est celui qui accepte de prendre des risques. Ce qui m’a
poussé à faire ce métier, c’est ce que je voyais autour de moi. J’ai
vécu le génocide, la première guerre au Congo, c’est ce qui m’a poussé à
m’engager. On est plus exposé à l’insécurité que les journalistes
étrangers car les gouvernements pensent qu’ils ne sauront pas ! ».
Freddy Mulungo, journaliste au Congo : « En République
démocratique du Congo, on n’a pas le droit de prendre des photos. On
peut se retrouver en prison, être exilé ou mourir pour cela. On ne peut
pas départager le fait d’être grand reporter et journaliste
d’investigation. » Rémy Ngono, journaliste camerounais, exilé : « Mon père
disait : « le coup de machette blesse, la langue tue ». J’ai choisi cette
deuxième arme. J’ai été arrêté, emprisonné, tabassé. Il n’y a pas de
droits de l’Homme. Je suis devenu journaliste vagabond ; je faisais mes
émissions par téléphone car je ne pouvais plus accéder à la radio. La
plupart des journalistes africains exilés ont troqué leur micro et leur
stylo pour être veilleur de nuit. Il faudrait créer ici, une radio, une
télévision qui permettent aux journalistes réfugiés de s’exprimer,
d’émettre vers leur pays à partir de la France. La seule liberté, c’est
de toujours nous battre pour avoir la liberté ! »
Gilles de Maistre : « Le métier de grand reporter, c’est une volonté de
raconter le monde tel qu’il est. En fonction du régime politique en
place, c’est plus ou moins difficile. Quand on entend les témoignages de
ces journalistes, quand on est confronté à une dictature, à un état
violent, il faut des couilles ! »
Freddy Mulongo : la voix des sans voix s’est tue.
En 2007, Freddy Mulongo fuit la République Démocratique du Congo.
Journaliste, il préside l’Association des Radios communautaires du Congo
(ARCO) qui en regroupe 230. Invité des Rencontres d’Albert Londres ce
week-end, journaliste à Paris, pour l’Agence Africaine d’Information, il
témoigne sur l’outil puissant qu’est une radio et les risques encourus
quand on veut faire entendre une voix. Question : Au Congo la radio serait le premier média ?
Réponse : C’est un pays immense qui connaît des problèmes de
communication. La radio correspond le mieux à notre culture orale et
jusqu’au fin fond du Congo, les habitants possèdent une radio. Q : Après des études en France, vous revenez au Congo. Qu’est ce qui vous a incité à créer Réveil FM ?
R : J’ai vécu la libération des ondes en France et la liberté de ton m’a
fasciné. J’ai travaillé dans des radios en France, et c’est là qu’est
né le projet de Réveil FM. Il s’est concrétisé seulement en 1999, à
Kinshasa, car on était alors sous la dictature de Mobutu. On s’est battu
pour la libération des ondes. Car, ensuite, sous Laurent Désiré Kabila,
la loi sur la liberté d’expression n’était toujours pas appliquée.
Q : Pourquoi ce nom de Réveil FM ?
R : Les Congolais s’étaient endormis, il fallait se réveiller et
réveiller les consciences pour prendre en main notre destin. Réveil FM
pratiquait l’info de proximité. Il s’agissait de donner la parole à la
population sans distinction. Ce n’était pas la politique par le haut
mais par le bas.
Q : Vous avez subi des pressions ?
R : On nous a empêchés d’émettre en novembre 1999 puis, en septembre
2000, un arrêté du gouvernement interrompt toute diffusion durant trois
mois. On nous dit que nous sommes une radio subversive, rebelle. On n’a
pas baissé les bras, on a signalé notre situation à différents réseaux
d’information sur le plan international. On avait accueilli dans notre
studio, à Kinshasa, Robert Ménard de Reporters Sans Frontières. On
prenait des risques en lui ouvrant le micro. À plusieurs reprises, en
2004 et 2005, nous avons fait des journées radio silence pour dénoncer
le non-respect des Droits de l’Homme.
Q : Être en résistance, jusqu’à quel point ?
R : On nous a évoqué des raisons farfelues pour nous empêcher d’émettre,
comme celle de brouiller les ondes de l’aéroport international. On nous
a fait taire de différentes manières : par des coupures intempestives
d’électricité par exemple. Ce qui a fait notre force, c’était la
solidarité entre les radios au sein de l’ARCO. On était en pleine
période électorale. Je suis devenu clandestin dans mon propre pays. Je
vivais caché, ne sortais que la nuit. J’étais traqué. Je recevais des
menaces anonymes. Je suis entré dans une spirale où tu arrives à ne plus
avoir confiance en ton entourage. En 2007, j’ai quitté le Congo, je
suis parti comme on va au marché? Q : Réveil FM s’est donc tu ?
R : Oui, mais nous continuons sur le Net. L’exil n’est pas facile mais
il permet un réarmement moral. On ne tue pas l’espérance ! Quant à mon
retour au Congo, les régimes tombent comme des fruits alors ?
R : Dans mes voyages africains, j’ai perçu de ces rapports
France-Afrique, des liens serrés, très proches et à la fois distendus.
Aujourd’hui, soixante ans après la décolonisation, Albert Londres serait
en Afrique.
Un reportage, c’est aussi la simplicité de ce qu’on ramène.
Albert Londres a donné une image de marque à notre boulot. Tous les
rêves sont permis, il faut essayer de les réaliser. Être dans une
logique du pourquoi pas. Ne pas craindre d’aller aussi vers une
découverte personnelle. L’autre se raconte, donc se rencontre.
« Albert Londres, reporter de guerre » : plongée dans l’actualité au cœur des 3èmes Rencontres de Vichy
« Le large peu à peu s’éclaircit. Et bientôt je reconnais les deux pointes, les deux pointes aujourd’hui marquées de sang français. C’est là! Les Dardanelles ! … Leur nom était si joli qu’en les approchant on était tout prêt d’entendre tintinnabuler les clochettes d’argent. Et c’est le canon qui va parler !… » (Albert Londres-Le petit journal du 28 juin 1915).
« Reporter de guerre dans les Balkans de 1915 à 1917 »: père du journalisme d’investigation , le Vichyssois Albert Londres, a, en son temps, couvert ce conflit, théâtre souvent méconnu de la première guerre mondiale. Les nombreux évènements d’actualité qui se succèdent partout dans le monde, mettent une nouvelle fois en évidence la nécessité absolue d’une presse libre, dans laquelle le reporter constitue la clé de voûte de l‘information. L’Association « Regarder – Agir pour Vichy et ses environs » organise les troisièmes rencontres Albert Londres qui auront lieu du 16 au 19 juin 2011. Personnalités marquantes du journalisme, grands reporters et historiens seront présents et dialogueront avec le public tandis que projections de films, conférences, rencontres, débats…constitueront les temps forts de ce nouvel évènement mettant en valeur des sujets permanents déjà au cœur du travail du célèbre Vichyssois. Une exposition, mise en œuvre du 10 juin au 20 juillet 2011 dans le hall de la source de l’Hôpital à Vichy, retracera le périple d’Albert Londres dans cette campagne d’Orient (des Dardanelles aux Balkans); on y lira les correspondances et câbles adressés à ses parents, touchant du doigt ce que vit un reporter au milieu des combats dans une région (toujours) complexe au plan politique. La correspondance du caporal Jean-Baptiste Bonnet, natif de l’Allier, met en parallèle, de façon simple et émouvante, la vie d’un poilu de l’armée française d’orient. Des animations théâtrales : FEU!-création de Procédé Zèbre-met en scène l’écriture d’Albert Londres lors d’un parcours effectué tout au long des Troisièmes Rencontres; les Gueules Cassées, présentée par l’Ouvroir, le 25 juin au Pôle Lardy rend hommage aux soldats défigurés de la Guerre de 14-18.
Dès ses débuts dans le journalisme, Albert Londres a été attiré par
l’Orient. En 1922, après le succès de ses premiers grands reportages, en
particulier ceux effectués en Russie soviétique, Albert Londres part
enfin pour l’Asie. Il décrit émerveillé le quotidien du Japon qui reste
solide malgré les tremblements de terre. Il découvre par contraste,
l’anarchie qui règne en Chine, un pays dominé par les seigneurs de la
guerre, et où cohabitent un empereur et un président de la République
La série d’articles rédigés sur place constitue la matière première de son livre « La Chine en folie » publié à son retour.
Ce n’est que dix ans plus tard qu’Albert Londres repartira pour la
Chine, en janvier 1932. Il a tout fait pour y retourner. Quelle enquête
a-t-il en tête ?
Alors que le directeur littéraire du Petit Parisien, Henri Béraud son
ami de longue date, refuse de l’envoyer sur place, il obtient le feu
vert du Journal et part. Lorsqu’il arrive à Shanghai, la tension entre
Chinois et Japonais est à son comble. C’est La Guerre !
Le conflit s’apaise, Albert Londres quitte alors Shanghai pour suivre
son projet de sujet initial.
Il se dirige vers Tientsin (ou Tianjin), puis il disparaît prés de 3
semaines, avant de revenir à Shanghai s’embarquer sur le Georges
Philippar. Les révélations explosives annoncées pour son retour
disparaissent en mer avec lui…
Au travers de nombreux textes choisis et d’extraits de la correspondance
d’Albert Londres, cette exposition vient nous faire revivre ses
émotions et ses sensations. Celles d’un observateur privilégié, plongé
au coeur d’une Chine en pleines révolutions préfigurant sa Révolution
imminente.
Regard d’un grand reporter d’aujourd’hui : La Chine sans Folies
de Philippe Rochot
De ses six années passées
comme envoyé spécial permanent de France 2 en Chine (de 2000 à 2006), Philippe
Rochot a rapporté une expérience professionnelle, mais aussi humaine,
particulièrement riche. Pour preuves, son livre « Vivre avec les chinois » (2008) et les nombreuses photos
que cet amateur très éclairé a tirés de son séjour. « Le comportement des Chinois nous désoriente, leur mentalité et
leurs raisonnements nous échappent…La Chine est encore un pays d’interdits,
mais c’est aussi l’Empire de tous les possibles. » Au cours de ses déplacements
dans une quinzaine de provinces, Philippe Rochot a observé des Chinois
confrontés aux transformations radicales de leur société.
Chacun de ses clichés
participe au décryptage d’une Chine débarrassée des « à priori » brouillant son image. « La photo est là pour saisir l’événement,
mais aussi pour le dépasser, en explorer les traces, les cicatrices laissées
par l’homme.»
2012 ; année du dragon, monde en transe, Chine en transit Table ronde : « les enjeux urbains et écologiques dans les villes chinoises ». Avec Jean-Claude Levy, Bertrand Gallet, Dominique Bari, Zheng Ruoning.
La moitié de la population mondiale vit à présent en ville. La Chine compte 60 villes multi-millionnaires et 30 dépassant le million d’habitants. 400 villes nouvelles doivent sortir de terre d’ici 2020… Actuellement de 45%, le taux de population urbaine chinoise devrait atteindre 60% en 2020. La crise urbaine de la nature concerne donc particulièrement ce pays, en pleine révolution industrielle, dont la part dans la production mondiale a doublé en 15 ans, pour Wei pei Fu
Dernière photo d’ Albert Londres à Sangaï (collection Prix Albert Londres)
Reportage Le dernier voyage d’Albert Londres de François Reinhardt – durée 22’ La nuit du 15 au 16 mai 1932, le plus célèbre des journalistes français, que l’on considère toujours comme le père du grand reportage, meurt dans l’incendie du Georges Philippar. Le grand paquebot blanc, fleuron des Messageries Maritimes, effectue là le retour de son voyage inaugural entre Marseille et Yokohama : la ligne impériale ! Albert Londres, redresseur de torts devant l’Éternel, à qui l’on doit notamment la fermeture du bagne de Cayenne, a embarqué quelques jours plus tôt à Shanghaï. Il vient de passer trois mois en Chine, sur fond de conflit sino-japonais. Tandis qu’il profite du voyage pour rédiger un nouveau « brûlot », dont tout le monde ignore le sujet, un incendie survient à l’entrée du Golfe d’Aden. Albert Londres n’y survivra pas. Attentat ? Sabotage ? Fait divers ? L’enquête menée à l’époque a-t-elle révélé toute la vérité ? Une production Grand Angle Productions
Film « Voir le pays des matins calmes »
de Gilles de Maistre Réaliser une fiction – une comédie ! – en Corée du Nord : voilà le défi de taille que s’est lancé Gilles de Maistre il y a un an. Un pari tenu mais risqué, qui a nécessité une préparation minutieuse aux allures de commando. Les six comédiens qui l’accompagnaient incarnent, dans Voir le pays du Matin-Calme, des touristes venus visiter le pays. L’occasion de découvrir cette nation aussi terrible que fascinante. La Corée du Nord ? Un pays quasi inaccessible, classé au dernier rang mondial au niveau de l’indice de démocratie. Seuls 2 000 touristes occidentaux y pénètrent chaque année, suivant un périple précis et escortés par des guides qui se surveillent mutuellement. Gilles de Maistre et ses six comédiens (Patrick Azam, Audrey Dewilder, Laurent Gernigon, Aurélie Gourvès, Simy Myara, Maka Sidibe) en ont fait partie. Pour cela, ils ont évidemment menti sur leur profession.
Soirée dîner-débat Chine – Occident, le grand malentendu Zheng Lu Nian et Daniel Haber sont consultants internationaux et professeurs dans de Grandes Ecoles françaises et dans des Universités étrangères (Chine,Israël…). Leur longue expérience de la vie internationale (ils ont,tous deux, dépassé l’âge de la sagesse chinoise, 60 ans) les a amenés à écrire, ensemble, un livre qui explore ce qui leur semble devoir être l’un des problèmes majeurs du XXIe siècle, le malentendu qui s’installe entre l’Occident et la Chine, fondé sur la peur de l’autre. Notre peur est le résultat de l’ignorance et l’ouvrage « Chine-Occident, le grand malentendu du XXIe siècle », paru en novembre 2011 chez L’Harmattan, a pour but d’expliquer et de livrer le « coeur » du peuple chinois pour encourager le dialogue et la coopération.